Les personnes solitaires ont une signature cérébrale unique, peut-être due à l'abondance de contacts sociaux imaginaires

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Tonya Russell

Une nouvelle étude portant sur près de 40 000 adultes a révélé que le cerveau des personnes solitaires diffère de celui des personnes qui ne le sont pas, et ce de manière significative et détectable.

Cette "signature" de la solitude consiste en des variations du volume de différentes régions du cerveau et de la façon dont ces régions communiquent. Et ces variations peuvent être liées aux modes de pensée typiques des personnes seules, qui incluent par exemple des quantités plus élevées que la moyenne de réminiscences et de conversations imaginaires.

L'étude a comparé les scanners IRM des personnes qui ont déclaré se sentir "souvent" seules avec les scanners des personnes qui n'ont pas déclaré se sentir ainsi. Les données proviennent de la UK Biobank, une base de données ouverte contenant des informations génétiques et de santé d'environ un demi-million de personnes au Royaume-Uni.

Les 38 701 participants étaient composés de 47,5 % d'hommes et de 52,5 % de femmes. Leur âge variait de 40 à 69 ans, avec une moyenne de 55 ans. Environ 13 % d'entre eux ont répondu "oui" à la question "Vous sentez-vous souvent seul ?" Parmi ceux qui ont répondu oui, environ 39 % étaient des hommes et 61 % des femmes.

Le nouveau document est paru aujourd'hui (15 décembre) dans la revue Nature Communications .

Les personnes seules et le réseau par défaut

Les chercheurs à l'origine de l'étude, de l'Université McGill de Montréal, ont découvert que les principales différences concernaient le "réseau par défaut" du cerveau. Ce réseau est responsable d'un large éventail de processus mentaux qui se déroulent lorsque le cerveau est au repos. Ces processus sont souvent appelés "voix intérieure" ou "moi".

Le réseau par défaut joue un rôle crucial dans la mémoire, la cognition sociale (c'est-à-dire le fait de penser aux autres) et le voyage dans le temps ("Que vais-je faire demain ?"). Il implique le cortex préfrontal médian et le cortex cingulaire postérieur, ainsi qu'un certain nombre d'autres structures. Il est également responsable des hallucinations et de l'imagerie interne.

Les chercheurs ont découvert, de manière inattendue, que les volumes de plusieurs de ces régions du réseau par défaut étaient plus importants chez les personnes solitaires. Ils ont également trouvé des schémas tout aussi inattendus d'associations positives entre certaines de ces régions.

Schémas de pensée typiques des personnes solitaires

L'association entre le réseau par défaut et la solitude peut être due à la façon dont les personnes seules pensent. Des recherches antérieures ont montré, par exemple, que les personnes seules se concentrent davantage sur leurs pensées internes, peut-être pour compenser leur manque d'expériences sociales réelles. Leurs schémas de pensée ont tendance à inclure des niveaux supérieurs à la moyenne de réminiscences et d'échanges sociaux imaginaires. Et cette augmentation des penséessur le soi pourrait bien influencer la relation entre les régions du réseau par défaut.

"En l'absence d'expériences sociales souhaitées", écrivent les auteurs, "les individus solitaires peuvent être biaisés vers des cognitions dirigées vers l'intérieur", comme pour "combler le vide social"."

En ce sens, les effets physiques de la solitude sur le cerveau ne sont donc pas surprenants : "Une plus grande attention à son milieu intérieur et une concentration accrue sur le soi et les pensées autoréflexives", écrivent les auteurs, "engageraient naturellement les fonctions de mémoire du réseau par défaut".

En effet, des recherches antérieures sur la solitude ont montré que les personnes seules sont plus susceptibles de s'engager dans des interactions sociales imaginaires, des réminiscences nostalgiques et des conversations hypothétiques, et sont également plus susceptibles de traiter les animaux de compagnie comme des personnes.

Regardez toutes les personnes seules : pourquoi étudier la solitude est important

Des recherches antérieures ont également montré que les personnes âgées souffrant de solitude courent un risque plus élevé de déclin cognitif et de démence. Les personnes solitaires tombent plus souvent malades et mettent plus de temps à se remettre des infections.

La solitude augmente également la pression artérielle et les niveaux d'hormones de stress. Les personnes isolées socialement sont plus susceptibles d'être déprimées. Elles sont également plus susceptibles de subir des pertes de mémoire.

De même, il est prouvé que la solitude contribue au vieillissement de plusieurs façons et entraîne une diminution de la longévité. En fait, les risques de la solitude pour la santé sont équivalents à ceux liés à l'obésité ou au fait de fumer 15 cigarettes par jour.

Comprendre comment la solitude agit sur le cerveau pourrait un jour aider à prévenir les maladies neurologiques et conduire à de meilleurs traitements.

"Nous supposons que les associations entre le réseau par défaut et la solitude révélées ici", écrivent les chercheurs, "reflètent des demandes accrues de simulation mentale épisodique d'événements sociaux intérieurs en l'absence d'expérience sociale souhaitée dans le monde extérieur."


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Étude : "Le réseau par défaut du cerveau humain est associé à l'isolement social perçu"

Les auteurs : Nathan Spreng et al.

Publié dans : Nature Communications

Date de publication : 15 décembre 2020

DOI : //dx.doi.org/10.1038/s41467-020-20039-w

Photo : par Anthony Tran via Unsplash

Je suis Tonya, une experte en actualités psychologiques. J'ai une formation en neurosciences et en psychométrie, et j'ai écrit sur la santé mentale, les relations, etc. Je suis passionné d'aider les gens à comprendre les dernières recherches et découvertes psychologiques.